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Le Pamphlet
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10 juin 2006

François Bégaudeau - Entre Les Murs.

C’est avec un étrange sentiment de lassitude que j’aie lu de bout en bout l’ouvrage de François Bégaudeau - Entre les murs. Lassitude, car les moments décrits sont tellement répétitifs que l’on se prend à croire que l’auteur est un maître du copié-collé sur traitement texte. Mais je crois qu’il n’en est rien et que l’effet est tout à fait voulu. Que je me permette de vous situer l’histoire. Le narrateur, car le livre est écrit à la première personne du singulier “je”, est un professeur de français en banlieue parisienne. De suite arrivent aux oreilles les sempiternelles images de la banlieue parisiennes. Eh bien, vous avez raison ! Tous les jours, les professeurs arrivent au collège MOZART en appréhendant ce qui va bien pouvoir leur arriver. Tous les jours les lecteurs assistent, impuissants qu’ils sont, aux “affrontements” verbaux du maître et des élèves. tous les jours, de nouveaux cas, de nouvelles exclusions. Tous les jours, les professeurs se plaignent de leur sort ... Le narrateur fait office de guide dans ce petit musée de l’horreur quotidienne. Horreur des élèves, hantises de l’école, peut être. Horreur du professeur, au bord de la crise de nerfs. Opposition franche du professeur, certainement l’enemi à abattre pour certains. Horreur de l’élève, le moins que rien pour certains professeurs, et de la presque tranquillité administrative à la limite de l’aveuglement. L’auteur a cet intelligence du style pour montrer la lourdeur des journées, la fatigue naissante, l’énervement quasi permanent, par son écriture. Celle-ci est très proche, presque trop, du langage parlé, de l’oral. Pourtant, c’est grâce à ce “presque” que l’on perçoit la difficulté des élèves et celle, non moindre, des professeurs. J’ai eu l’impression que les deux castes ne se comprenaient pas, ou alors pas complètement. L’autre problématique de ce collège, de tous les collèges peut être, est la motivation des professeurs. A la lecture du livre, force est de constater que certains n’auraient peut être pas leur place dans l’enseignement. En tout cas, tout au long du livre, la question du “mais que font ils donc là ?” demeure omniprésente. Et c’est même l’une des quelques questions qui resteront en suspens une fois le dernier mot lu. C’est d’ailleurs une question globale, celle de l’utilité de l’énseignement tel que dispensé par les établissements publics et privés. Ne devrait-on revoir les méthodes, les matières, les horaires ... N’y aurait-il pas d’autres modèles dans les pays europées ? Cet ouvrage nous montre la difficulté des élèves à trouver un place, leur place, au sein de l’école. Pourquoi sont-ils venus ? Pourquoi reviennent-ils ? Que vont-ils faire par la suite ? Sont-ils seulement capables (non pas en simple termes d’intelligence, mais surtout de compètences à choisir) de choisir ce qu’ils voudraient faire par la suite ? Quelle est la valeur des conseils qui leur sont donnés ? L’autre malaise que l’on perçoit clairement, et que j’aie déjà signifié plus haut, c’est celui des professeurs. Ils n’en peuvent plus de ces affrontements, de ces fiches d’incident, des ces conseils de discipline, des ces réunions stériles qui se finissent invariablement par le pot de l’(ini)amitié. Bref, ils n’en peuvent plus de ce “boulot” (si ces profs parlent de cette façon de l’école, il n’est pas étonnant de constater leur manque d’intérêt pour les élèves). Ils ne rêvent que d’une chose, c’est partir ... Malgré les quelques égratignures faites à la culture générale (le passage sur l’Autriche est affligeant, celui sur la langue française ne l’est pas moins), la fin laisse présager une note d’espoir. Par delà les affrontements récurrents, les insultes mêmes durant l’année scolaire. La fête de fin d’année, le tournoi de football, le spectacle des élèves, tout ceci montre une certaine humanité de part et d’autre de la barrière. peut-être ne suffirait-il de pas grands choses pour que ces deux mondes se comprennent enfin ...
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